Exercice 1

Thème : L'inconnu

L'autel

Je m’enfonçais parmi les arbres sans but précis. Sous le soleil qui me parvenait à travers le feuillage épais, je n’imaginais pas trouver un lieu étrange qui n’appartenait pas à ce temps, à cette époque. Je n’étais entourée que des bruits d’oiseau et de la rumeur lointaine d’un cours d’eau vers lequel je me dirigeais. Ce n’était qu’une promenade des plus ordinaires.

Un petit pont de bois permettait de traverser la rivière peu profonde. Il était vieux, mais il semblait encore en bon état malgré tout. Je le traversai avec prudence, je ne voulais pas me blesser puisque j’étais seule. C’était la première fois que je m’aventurais dans cette partie de la forêt qui, du reste, m’était assez familière. Je suivis un petit sentier dont la nature avait repris possession, racines et branches me faisant obstacle. Après un moment, j’arrivai dans une clairière au sol parsemé de fleurs colorées. Au fond se trouvait une niche en pierre visiblement ancienne. Fascinée et curieuse devant cette découverte, je m’en approchai pour l’examiner de plus près.

L’étroit autel sur lequel la niche était posée semblait avoir été taillé dans la même pierre que celle-ci. De la mousse avait pris possession de la face nord, les camouflant en partie. À l’intérieur, une statuette était abritée, également en pierre, mais le temps en avait effacé les traits. Je pouvais toutefois distinguer de courtes cornes sur la tête du personnage ainsi qu’une queue de chèvre. Aussitôt, je pensai aux satyres et Pan, dieu de la mythologie grecque. Aucune inscription n’était gravée pour me le confirmer, le reste de la pierre étant vierge de décoration.

J’ignorais ce qu’était cet endroit, ce qu’il avait été. J’imaginais des rencontres secrètes pour performer d’anciens rituels destinés aux dieux oubliés, ou alors un lieu où les esprits de la forêt se rencontraient pour célébrer les pleines lunes. Ce n’étaient que des fabulations, mais cela me plaisait. En moi vivait toujours une enfant qui croyait à la magie et aux créatures fantastiques. Il ne manquait que l’apparition des dryades pour me combler.

Le soleil commençait à décliner dans le ciel et je devais quitter cet endroit enchanteur. Ce fut à regret que je repris le sentier en direction de la rivière, du pont qui me ramènerait dans l’univers présent. Cependant, chaque nuit, je retrouve dans mes rêves la clairière et je danse en compagnie des dryades et des satyres.