Une nouvelle ère
Regarde, ma chérie, comme la Chine a changée. Non, n’aie pas peur, nous sommes un peuple puissant, nous nous adapterons. Observe bien les traces du passé s’ancrer dans le nouveau monde. Les Étrangers y inscriront leur marque, mais nous, nous ne disparaîtrons pas.Regarde ces hommes aux traits familiers, mais habillés comme des Étrangers. Ils sont toujours les fils de nos pères, les pères de nos fils. Comme un serpent, ils ont changé de peau, mais ils restent des nôtres. Leurs yeux sont les mêmes, ils reflètent la même détermination. Ils veulent réussir à la manière des Étrangers, mais c’est notre pays qu’ils veulent enrichir.
Regarde ces femmes qui marient deux styles si harmonieusement, coiffures exquises avec robes étrangères, vêtements traditionnels et accessoires nouveaux. Elles sont toujours nos femmes, elles n’ont pas été entièrement séduites. Elles ne veulent que faire partie de ce monde, s’y inscrire à leur manière.
Te souviens-tu de ce à quoi nos maisons ressemblaient avant? Il n’y avait pas ces lustres qui éclairent trop, ni ces tables si hautes que nous avons besoin de chaises pour y manger. Nous n’utilisions pas leurs ustensiles, ni leurs coupes. Heureusement, le thé se bois encore dans une tasse, le goût ne serait pas le même. S’encombrer de leur mobilier n’est que signe de prospérité, n’est-ce pas?
Observe la ville qui se transforme lentement, les lampadaires éclairant sans subtilité les panneaux aux lettres étrangères, les tramways qui font la course aux chevaux. Nos bâtiments de bois, semblent si délicats aux côtés de leurs bâtisses en pierre, hautes et imposantes. Les Étrangers remodèlent notre pays à leur image, mais ils ne peuvent que construire autour de ce qui est déjà.
De jour en jour, davantage d’Étrangers arrivent, avec leurs valises, leurs coutumes, leurs technologies, leurs modes. Ils métissent notre Chine natale. Certes, nous accueillons leurs idées avec curiosité, car nous ne connaissons rien d’autre. Nous les imitons, le pas un peu hésitant, car nous voulons également nous envoler. Qu’ils ne se croient pas capables, cependant, de nous effacer, car le sang qui coule dans nos veines est celui de nos ancêtres.
Allons, partons! Joignons-nous à cette ère nouvelle, mais n’oublions pas d’où nous venons. Nos racines nous accompagneront jusqu’à la fin des temps. Et lorsque nous irons dans leur pays, nous apporterons un peu de la Chine et transformeront leur univers ainsi qu’ils ont transformé le nôtre.
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