November 14, 2013

Exercice 3

Voici mon premier travail noté. Les consignes étaient d'écrire une fiction en deux versions, l'une à la première personne au passé dans des phrases amples et l'autre à la troisième personne au présent dans des phrases plus courtes. Je vous offre la deuxième version réécrite suite aux commentaires de mes camarades de classe et de mon professeur.

Évasion

Il n’y a rien, que le noir. Le jeune homme sent l’humidité percer sa peau, atteindre ses os. Frissons. Les formes devant lui sont imperceptibles. Impossible de se repérer. Un bruit. Sa tête tourne, alerté comme un chien. Des pas, peut-être. Il ne peut distinguer quoique ce soit. Comment se diriger? Il tâtonne autour de lui. Un pied devant l’autre, lentement, doucement. Il sait qu’il doit trouver une sortie.

Ses mains touchent des surfaces froides, des meubles poussiéreux. Les murs de pierre le rassurent presque. Ce sont ses seuls guides dans cette noirceur totale. Il se fie à eux pour le conduire hors du sous-sol. C’est un véritable labyrinthe... Il lui arrive trop souvent de longer un couloir qui ne mène nulle part. Les portes qui ouvrent sur des pièces fermées sont nombreuses. Aucune sortie. Il ignore entièrement où il se trouve, ses souvenirs sont flous. Des images ici et là lui reviennent de temps à autres. On dirait… on dirait que le lieu lui parle. Il est de plus en plus persuadé d’avoir habité cet endroit.

Il trouve enfin une porte, la pousse avec précaution. Une autre déception? La pièce plongée dans la noirceur. Espoir, une faible lueur lui parvient d’une lampe à huile. Un bureau trône au centre de la pièce. L’homme s’en approche et découvre les restes éparpillés d’une correspondance. Rapide inspection des lieux, soulagement. Il n’y a qu’une porte face au bureau. Il peut donc s’y asseoir sans crainte. Il ne pourra être surpris par derrière.

Le premier feuillet est lu avec curiosité. Il espère trouver des informations. N’importe quoi, le lieu où il se trouve, la raison de sa présence. Quelque chose, juste un indice pour l’aider.

24 octobre
Cher Dimitri,
Les choses vont bien. Comme prévu, les sujets ne sont pas très coopératifs. Ne t’inquiète pas, nous trouverons la réponse à nos questionnements même s’il faut continuer nos expériences secrètement. Je crains que nos méthodes ne nous permettent pas de pousser assez. Je connais votre réticence à procéder autrement, mais c’est pour le bien de la science. Nous trouverons bien la source de l’âme humaine, ce qui l’alimente et comment nous pouvons l’utiliser. Continuez à m’envoyer des spécimens, je vous tiendrai au courant des progrès.
Bien à vous,
Sir W. Henley


Il fronce les sourcils, confus. Il ne comprend pas, ou alors ne comprend-il que trop bien? La source de l’âme? Quelles expériences? Et ces « sujets » peu coopératifs, qui sont-ils? Des humains retenus prisonniers? Et lui, s’est-il échappé de sa cellule? Est-ce à cause de cela qu’il a perdu la mémoire?

Le tourbillon de questions lui donne le vertige. Il a l’impression de savoir, qu’il devrait savoir. C’est étrangement familier. C’est terriblement effrayant, ces expériences atroces impliquant des hommes et des femmes. Des fous… Il doit avoir à faire avec des fous! Ça expliquerait le sous-sol lugubre et toutes ces salles.

Il lit rapidement les autres lettres. Rien. Que des conversations portant sur les expériences illégales. L’idée que ces hommes n’ont pas toute leur tête n’est que renforcée. Leur conviction, leur quête ridicule de l’âme humaine… Son estomac se tord à y penser, lui donnant la nausée. Il faut absolument qu’il sorte d’ici.

Des bruits de pas. Son cœur s’arrête. Il fige. Son poursuivant se rapproche. Il sait! Panique. Comment l’a-t-il trouvé? Trop longtemps, il est resté trop longtemps ici. Il aurait dû fuir! Il éteint la lampe rapidement. Sous le bureau! Silence. Il compte les secondes. La sueur coule sur son visage. Il entend la porte grincer. Quelques pas dans la pièce. Le jeune homme retient son souffle. Immobilité parfaite. Il ne faut pas qu’il le trouve!

La porte se referme et le fugitif respire à nouveau. Son pouls retrouve un rythme normal. Toutefois, l’anxiété n’est pas entièrement disparue. Il doit toujours sortir de ce labyrinthe. Retrouver le monde extérieur. Fuir. Sauver sa vie.

Courte réflexion. Il décide de garder la lampe, elle lui sera utile. Il se dirige vers la porte, y presse l’oreille. Rien. La voie est libre. La lampe lui offre quelque chose de nouveau. Lumière chaleureuse, rassurante. Lumière salvatrice. Lumière dangereuse, car si facilement repérable. Un bruit. Il éteint la lumière. Le cœur battant, il attend quelques secondes. Ce n’est rien. Les muscles de son corps restent tendus tandis qu’il rallume la lampe. Poursuivre son chemin, ne pas s’arrêter.

Un coin. Un coin le rapproche soudainement de la mort. Son poursuivant est là, devant lui. Immense, il grogne de façon menaçante. C’est suffisant pour que le cœur de l’évadé cesse de pomper son sang. La créature n’est pas humaine! Ses yeux globuleux sont injectés de sang. Une bouche trop grande est armée de dents jaunes, mais pointues. Et ces bras! De longs bras qui n’attendent que de l’attraper. L’attraper pour l’étrangler avec ces larges mains griffues. Mains griffues faites pour s’enfoncer dans sa chair fragile. Le fugitif réalise que s’il ne fait rien, c’en est fini de lui. Poussé par son instinct de survie, ses jambes le propulsent dans la direction opposée. Il perd tout repère tandis qu’il tente de semer la création monstrueuse. Elle semble si proche derrière lui! Le couloir se sépare. C’est sa dernière chance, il s’engage à droite sans ralentir. Plus vite, plus vite!

Un autre cul-de-sac! Un gémissement de désespoir lui échappe. La sueur coule sur son front, il halète. Il ne peut s’arrêter, mais il ne peut affronter le monstre. Hors de question de mourir ici! Est-ce une porte à sa gauche? Oui! Main sur la poignée. Tourne. Déverrouillée! C’est une échappatoire providentielle, tout n’est pas encore perdu! Il s’élance dans la pièce, plein d’espoir. Horreur! Du sang tache le sol et des instruments sur une table tout aussi sale. Une salle de torture, voilà son sanctuaire. Son regard accroche l’armoire dans le coin. Vide. Pas le temps de penser, le jeune homme y trouve refuge.

Attendre, il ne peut plus qu’attendre. Le danger passera éventuellement. Quelques minutes qui semblent une éternité, quelques minutes qui détermineront son sort. Il ne veut courir toute sa vie, piégé comme un rat. Cependant, il a peu d’espoir d’échapper au monstre. Trop rapide, trop puissant. Il ne veut pas imaginer ce qu’il lui ferait subir. S’il est pris, il ne sortira pas vivant de ce sous-sol.

Soudain, une image. Une femme qui crie. Un rire cruel. Une voix familière résonne dans sa tête. Cette voix qui assure que c’est pour le bien de la science. Un scalpel qui s’enfonce dans la peau blanche. Une main gantée qui explore l’ouverture sanglante. Déception. L’âme n’est pas dans l’estomac.

Le fugitif revient à lui, traits figés. Une expression horrifiée transforme son visage. Impossible… Les pensées qui s’affirment à lui sont repoussées violemment. Le sang a dû simplement évoquer cette image. Ce ne pouvait être un souvenir! Ce ne pouvait être lui! Jamais ne ferait-il de mal à personne! Il a trop longtemps été enfermé… Cet endroit lui joue des tours, il est en train de devenir fou! Oh, faites qu’il devienne fou!

Le silence perdure et le ramène à sa situation précaire. Le monstre a temporairement abandonné sa poursuite. Il le laisse en vie un peu plus longtemps, un prédateur qui joue avec sa proie. La lampe est rallumée, le besoin de lumière étant trop grand. Elle le garde sain dans cet endroit macabre, elle le garde humain. Il a besoin de se sentir humain!

Le jeune homme se précipite hors de la pièce, incapable d’y rester une seconde de plus. Il se dirige vers le coin. Regard à gauche. Regard à droite. Il guette un signe de la créature. Tout est calme. Pour le moment. Il sent ses muscles se détendre un peu et opte pour la droite. Il espère que, armé de sa lampe, lumière bienfaisante, il trouvera cette fameuse sortie. Peut-être une porte particulière, un escalier, une fenêtre…

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